Au départ d'une nouvelle vie! [Kyoku/Keiji Maeda]

from: L'animalerie, Kyoku veut un maître...


Nous arrivâmes en riant sur la Grande Place, mon Maître et moi, sur ses épaules. Il me désignait presque tous les endroits de la place, me racontait qu'il avait fait telle ou telle action, rencontré telle ou telle personne, qu'il aimait ce restaurant, qu'il avait déjà eu une réunion là-bas. J'avais l'impression de rattraper tout le temps perdu en quelques instants, j'apprenais la Place selon les critères et commentaires de mon Maître, buvait ses paroles, écoutais ses remarques.

Il m'annonça aussi qu'il était un diplomate du pays. J'ouvris de grands yeux admiratifs en apprenant ça, mon Maître était quelqu'un de très important! Il avait à sa charge la population, c'était une grande responsabilité mais il ne semblait pas s'en plaindre, au contraire. Je me mis alors à rêver. A quoi ressemblait sa vie? sa maison? sa famille? ses amis? Tant de choses que j'allais apprendre, découvrir, au milieux desquelles je m'intégrerais, aux côtés de mon Maître. J'étais un peu fière, d'une part, d'être le Neko d'un homme si important. Et j'avais eus de la chance, mon Maître est très gentil avec moi! J'aurais pu tomber sur un homme ingrat et rustre. Je souriais d'autant plus en pensant à ma nouvelle vie qui débutait à peine.

Nous passâmes devant les statues des têtes couronnées, j'eus droit à des commentaires pour elles aussi, il me désignait de temps à autres une personne qu'il connaissait, comme connaissance de longue date ou comme simple visage familier. Tous ces gens m'émerveillaient, jamais je n'avais croisé autant de personnes en un si court laps de temps. Tous nous dévisageaient étrangement, visiblement intrigués de voir un Neko sur les épaules d'un diplomate, mais nombre d'entre eux affichaient un sourire bienveillant, auxquels je me faisais un plaisir de répondre par de grands gestes de la main, accompagnés par un sourire rayonnant.
J'avais l'impression que le monde entier s'ouvrait à moi. Découvrir autant de choses, c'était vraiment merveilleux! Je respirais à pleins poumons l'air de ce nouveau départ, me sentant prête à repartir pour une nouvelle vie!

Nous approchâmes de l'échoppe qui vendait les sorbets glacés. Pendant que mon Maître achetait les glaces, je chantonnais un air improvisé en regardant le dessus de l'échoppe, une pancarte qui vantait la saveur exceptionnelle des glaces vendues.

J'eus alors une petite pensée pour mon ancienne maîtresse.
J'aurais bien aimé me promener ainsi avec elle, mais nous vivions dans un petit appartement dans un immeuble un peu vieillis, et elle travaillait beaucoup. Et lorsqu'elle ne travaillait pas, elle préférait rester au calme, se reposer, discuter avec moi, aussi ne sortais-je que très rarement, lorsqu'il fallait aller faire de petites courses à la supérette du coin de la rue la plupart du temps. Je ne sais même pas ce qu'elle faisait comme travail. Les autorités m'ont dit qu'elle faisait de mauvaises choses, mais quoi comme mauvaises choses?

Je restais quelques courts instants pensives, jusqu'à ce que mon Maître ait fini de faire les achats. Je réclamais à descendre, et attendis sagement que mon Maître me présente les sorbets glacés, impatiente et heureuse de partager ce genre de moments avec lui! Je n'avais jamais vus de sorbets glacés, n'en avais jamais mangé, et j'avais hâte d'y goûter!

Il s'agenouilla devant Kyoku afin d'être à la même hauteur, puis lui tendis le cornet de sorbet. Elle était si excité à ayant simplement à la pensée de goûter à la collation glacé et sucré, elle semblait tellement plus heureuse que lorsqu'elle était en cage. C'est dès lors qu'il comprit pourquoi les nekos et les humains s'entendaient bien, ils partageaient tous les deux un bonheur incommensurable, et vraie. L'humain avait une nouvelle personne dans son entourage et ce pour la vie et le neko avait été libéré d'un endroit sombre et triste. Un mélange qui durerait aussi longtemps que l'un est en vie, à la condition que les deux comprennent ce qui se passe dans la tête de l'autre. C'est pourquoi, il voulait tout lui montrer, il voulait lui offrir la vie en tant qu'un être libre et heureux ensemble. Il voulait aussi tout lui dire à propos de lui afin qu'elle sache où est sa place maintenant. Keiji ne connaissait pas la moindre chose sur Kyoku, mais cela ne serait tarder. Pour le moment, il comprenait pourquoi elle était timide, tout était nouveau pour elle, et d'avoir accès à toute cette vitalité et cette chance d'être enfin libre et avec quelqu'un qui ne la traitera pas comme un bout de chiffon, l'avenir lui appartenait dès à présent.

Il revint à lui puis montra à Kyoku, comment prendre le cornet et comment le déguster. La première bouché fut un désastre, elle avala presque tout et la froid lui glaça les nasaux. Keiji ne put s'empêcher de rire devant cette manipulation. Il riait fort, comme si c'était la première fois. Les gens qui passaient les regardèrent et certains souriaient à la vue de la neko qui grimaçait à cause du froid qui prolongeait dans sa bouche.

- Haha ! Non Kyoku, il faut prendre le temps lècher la glace et de savourer chaque instant, prendre en note le goût de ce que l'on mange, afin d'être sûr de s'en rappeler dans 100 ans. Comme ceci.

Il lècha son sorbet puis ferma les yeux, il plissa ses paupières puis essaya de se rappeler la première fois qu'il en avait manger. C'était en automne derrière le château dans le jardin, il avait 5 ans et sa mère préparait des croissant aux amandes et son père essayait toujours de lui voler un peu de mélange à pâte afin de régaler sa gourmandise.

-Maintenant c'est à ton tour, ma petite Kyo. Il avait décidé de l'appeler ainsi, puisqu'elle était petite et un peu naïve, mais il comprenait ce sentiment, il la comprenait souvent même.


Enfin, le met tant attendu arrivait enfin entre mes mains! J'en étais toute excitée, impatiente de goûter ces glaces colorées et parfumées. Tellement impatiente, que je n'écoutais que d'une oreille les conseils de mon Maître sur la dégustation délicate et particulière.
A la première bouchée, je voulus en mettre le plus possible dans ma bouche, m'en mettant jusque sur le bout du nez.

Mais... c'était froid!!
La morsure glacée me surpris, et je grimmaçais vivement, tirant la langue et fronçant le nez. Mon Maître se mit à rire haut et fort en voyant la scène, je rougis en souriant timidement, gênée et peut-être un peu vexée d'être ainsi moquée. Mais l'entendre rire ainsi, si joyeusement, me fit oublier ce sentiment et je rougis de plus belle.

Il me corrigea, me montrant l'exemple. Je le regardais très attentivement cette fois-ci, peu envieuse d'avoir affaire à une autre mauvaise surprise à cause de mon empressement. Je le regardais lécher la glace, fermer les yeux, savourer.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, il me dit que c'était à mon tour. Je fus touchée d'être surnommée 'Kyo' par mon Maître. Je hochais la tête et, pleine de bonne volonté, léchais par petites lampées maladroites la matière froide.

La matière froide fondit sur ma langue, puis la saveur sucrée et fruitée envahit mon palais. Quelle délice! Agréablement surprise, je haussais les sourcils et un sourire gourmand s'étala sur mon visage. Je relevais les yeux sur mon Maître, toujours en face de moi, attendant ma réaction.

"C'est bon, monsieur Keiji Maeda, Maître! m'exclamais-je sur un ton quelque peu enfantin."

Il était ravis d'avoir pu voir le visage si fin de Kyo rougir ainsi, elle était si mignonne et rafraîchissante, qu'elle lui rappelait une amie d'enfance, mais il ne se souvenait plus de son nom. Elle avait disparu lorsqu,il avait 12 ans, certains disaient qu'elle était tout simplement partie dans un autre pays avec le reste de sa famille, mais d'autre ajoutait qu'elle était morte d'une pneumonie, qui croire, il s'en moquait bien. Tout ce dont il se rappel était la couleur ténébreuse de ses cheveux et le visage qu'elle avait, le même que celui de Kyoku. C'était justement pour cela qu'il avait décidé de la ramener avec elle, afin qu'il puisse reprendre l'enfance qu'il avait perdu à faire des études jours et nuits.

- Zhou ? *Où est ce chien ? Il ne peut pas être bien loin, il est rare qu'il me quitte sans bonne raison.*

Keiji remarqua qu'il avait perdu de vue son chien danois, il avait peut-être été distrait par un étrangé ou bien par une chienne bien attirante, mais il l'aperçu un peu plus loin durant une fraction de seconde. il se dirigeait par où ils étaient arrivés.

- Ah le voilà. Aller viens Kyo.

Il prit la neko sur son dos puis courru à la poursuite de Zhou qui se faufilait à toute allure parmis les gens de la foule.

(À suivre à l'animalerie...encore une fois )


Je dévorais lentement mais sûrement mon sorbet glacé, me régalant comme jamais. Tellement concentrée sur mon régal, je ne fis pas attention au fait que Zhou avait disparut. Mon Maître remarqua l'absence du chien, et commença à l'appeler. Je levais les yeux sur mon Maître sans arrêter de lécher la glace, et vit bien que mon Maître était inquiet. Puis il sembla apercevoir quelque chose et me reprit sur son dos, avant de détaler à la poursuite du chien.

Dans la foule, j'aperçus moi aussi le chien qui trottinait entre les jambes des passants. A un moment, mon Maître fut légèrement bousculé par un homme, et la secousse me fit perdre mon sorbet glacé. Je lançais un regard plein de détresse à la glace qui gisait au sol, avant de disparaître dans la mare de pieds qui encombrait la Grande Place. Extrêmement déçue de en pas avoir pu finir mon sorbet glacé, j'affichais un air triste et désespéré.

Je me demandais enfin où nous menait le chien. Nous repassions devant les mêmes boutiques que précédemment, et un mauvais pressentiment naquis en moi.



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